dimanche 9 août 2015

Feux d'artifice .......... Pause "B" et "carton noir"


Toutes les photos: ISO400, 50mm (75mm eq 24x36) - ici: 22s f/13 - carton noir
Dans les villages de notre Languedoc, la fête votive se termine souvent sur un feu d'artifice. Rochefort du Gard n'a pas failli à la tradition, ce qui m'a permis de réaliser une série de photos sur ce thème et me donne l'occasion d'un petit "tuto" sur la façon de traiter ce sujet

14s f/9 - carton noir
Jolis bouquets en perspective oui mais.....
Dans la suite tuto et données d'exposition et d'autres photos
 Jolis bouquets en perspective oui mais..... à condition de bien s'y prendre et de posséder un minimum d'équipement et de connaître quelques astuces pour obtenir le meilleur résultat.

14s f/13 - carton noir
 On peut tenter de photographier un feu d'artifice à main levée avec n'importe quel appareil (y compris tablettes et smartphones)........ sans garantie d'obtenir un résultat optimal. On aura, en général, un manque de netteté, des flous de mouvement et la bonne exposition n'est pas garantie.
Pour réaliser des photos comme celles ci dessus il vous faut:
- 1 solide trépied, bien stable
- 1 appareil permettant de shooter en pause "B"
- 1 appareil permettant de shooter au format RAW de préférence; le JPEG est cependant possible mais moins souple au "post traitement"
- 1 déclencheur souple: cela évite les vibrations dues au "coup de doigt" et garantit l'absence de flous de mouvement, surtout en pause"B", lorsqu'il faut maintenir la pression sur le déclencheur durant tout le temps  pause (pas facile sans micro mouvements du photographe)
- 1 "carton noir", rigide et plat, d'une surface largement supérieure à celle de la lentille frontale de votre objectif
- 1 zoom, du style 16x50, de bonne qualité de façon à pouvoir établir votre cadrage sans avoir à vous déplacer

15s f/9.0 - carton noir
Première étape, repérages: il vous faut savoir d’où le feu d'artifice va être tiré, quel va être le paysage alentour, et repérer un endroit dégagé sur lequel vous pourrez vous installer sans être gêné par le public et/ou par des éléments du décor
Ici, sachant que les bombes étaient installées autour de l'église du Castelas j'ai pu repérer, la veille, un champ en friche en bordure de la route d'Avignon qui offrait une vue dégagée sur le monument situé à environ 500m à vol d'oiseau, l'église se situait environ 30m au dessus de mon horizon
Deuxième étape: le jour du tir, s'installer lorsque la nuit n'est pas encore noire. Ici le tir avait lieu à 22h00, je me suis mis en place vers 21h15 (heure bleue de 21h23 à 22h07 ce jour là)
Il s'agit là, en profitant du reste de luminosité ambiante,  de monter l'APN sur pied, d'installer le déclencheur souple, et de trouver le bon cadrage et la bonne focale pour embrasser un champ suffisant permettant d'avoir le décor choisi et le point d'éclatement supposé des fusées dans le cadre. Ce cadrage restera quasi identique sur toutes les photos. Quelques petits ajustements seront peut être nécessaires, d’où l'intérêt de disposer d'une rotule adaptée, l'idéal étant une tête de type "vidéo" trois axes.

Un principe intangible et non négociable: débrayer tous les automatismes de l'appareil: mode "M" obligatoire partout y compris pour l'autofocus qui "pédale" dans le noir.

Troisième étape: prérégler ISO, Diaph, vitesse, mise au point et autres paramètres:
1-Pour la sensibilité, je travaille en général à ISO 400 dans ce cas de figure. Cette sensibilité assure une quasi absence de bruit et permet de travailler soit en pause "B" assez courte jusqu’à 4 ou 5s, soit en pause"B" longue de 12 à 25 seconde en utilisant la technique du "carton noir". On ne reviendra pas sur ce réglage durant toute la séance
2- Pour le diaphragme: restez dans les limites du meilleur rendement de l'objectif (entre f/8.0 et f/11 en général), ici j'ai opéré à f/9.0 et f/13. Il n'est pas souhaitable d'ouvrir à fond (f2.8) ou de fermer à fond (f/22) en effet:
a- les fusées éclatant loin du photographe (ici 500m) la profondeur de champ à f/9.0  s'étend de 13.5m à l'infini, l'hyperfocale se situant à 14m (netteté: de la moitié de l'hyperfocale à l'infini)
b- la puissance d'éclairage des fusées, intense, combinée aux ISO400, ne nécessite pas une grande ouverture de diaphragme surtout avec la Pause "B"
3- Pour la mise au point: autofocus débrayé je le rappelle, faire une MaP en manuel soit sur un élément du décor proche du lieu de tir, soit sur l'hyperfocale (ici environ 14m) soit sur l'infini en regardant la fenêtre de profondeur de champ ou les graduations de la bague de l'objectif, soit en profitant du "focus peaking" offert sur l"écran LCD. Vu la profondeur de champ calculée c'est, ici, peu critique. Personnellement j'ai fait ma MaP sur le clocher de l'église en utilisant le "focus peaking" sur l'écran orientable du A77
4- Pour les autres paramètres:
- Shootez en RAW si votre appareil le permet, les réglages de développement dans votre logiciel seront plus faciles et non destructifs
- Débrayez les éventuelles réduction de bruit automatique, hauts ISO et surtout "réduction de bruit pause longue".
Ce dernier réglage, si il est actif, implique la prise automatique par l'APN d'une "image noire" (obturateur fermé) avec un temps de pose équivalent à la pause initiale, pendant lequel vous ne pourrez pas déclencher (j'ai une pause de 22s sur la photo d'ouverture de ce post, ce qui aurait obligé à  attendre encore 22s pour déclencher à nouveau = 3 ou 4 fusées ratées)
- Débrayez tous les dispositifs de stabilisation (objectif et boîtier): L'APN étant installé sur trépied ils risquent de chercher, trouver et corriger des "vibrations" qui n'existent pas et d'introduire un flou de mouvement qui n'existait pas.
- Retirez le pare soleil de l'objectif si vous envisagez d'utiliser la technique du "carton noir"

La technique du "carton noir", c'est quoi?
En réalité ce "carton noir" est un "obturateur manuel", externe à l'APN, manœuvré à la main par vous même, quand vous le souhaitez, l'obturateur de l'APN étant ouvert en permanence pendant tout le temps ou vous maintenez le déclencheur de l'appareil enfoncé.
Appliqué sur l'objectif il empêche la lumière d'atteindre le capteur,...... retiré vivement il laisse passer la lumière à travers l'objectif vers le capteur jusqu’à ce que vous le "replaquiez" vivement sur l'objectif pour le couvrir, donc l'obturer.
Ainsi vous pouvez contrôler le nombre d'explosions de fusées que vous allez superposer sur le cliché et aussi, choisir les fusées que vous inviterez dans votre cliché et le temps pendant lequel elles impressionneront le capteur.
Pour un droitier: on manœuvre le déclencheur souple "main droite" et le carton noir "main gauche". Pour un gaucher....... on inverse . Sur le A77 l'écran LCD est orientable trois axes ce qui m'a permis de me positionner à gauche du trépied tout en pouvant visualiser l'écran.
Cette technique est plus souple et permet de plus nombreux arrangement des fusées qu'une simple pause longue de quelques secondes, en général pas plus de 3 a 4s.

On va détailler un peu sur la première photo de ce post.


J'ai déclenché un instant après le départ de la bombe multicolore et l'ai laissé prendre son ampleur dans le ciel. A son apogée j'ai plaqué le carton noir sur l'objectif. Je l'ai retiré seulement lors de l'éclatement de la bombe suivante: première bombe blanche en altitude et j'ai lâché le déclencheur de l'APN juste après l'éclatement de la deuxième bombe blanche (on voit son départ sous forme d'une ligne blanche fine partant de son fut vers le lieu d'explosion) .

Il faut reconnaître que:
- On ne réussi pas du premier coup en général. On a d'abord des photos sous exposées ou sur exposées, avec trop, ou pas assez, de fusées, mais, avec l'expérience et la bonne connaissance de votre APN et de son comportement on arrive assez vite au succès, au moins à 50%
- Le résultat est assez "aléatoire" tant en matière d'exposition correcte, puisque ne faisant pas appel aux systèmes de mesure d'exposition, qu'en matière "d'agencement artistique" des fusées dans le cadre, puisqu'on ne connaît (sauf exception) ni le "plan de tir" de l'artificier ni les "azimuts et angles d'élévation" des bombes.
Ma séance comportait une quarantaine de clichés dont 21 étaient corrects puis j'ai extrait les 5 qui me paraissent les meilleurs, à mon gout.
Avec un peu d’expérience, et après de multiples essais, vous pouvez arriver à déterminer "au pif" le temps nécessaire à la bonne exposition du "décor" et des "fusées". Dans tous les cas il s'agit d'un compromis qui doit être repris dans le logiciel dont vous disposez, d’où le conseil judicieux de "shooter en RAW" . Sur la photo d'ouverture, seuls ont été ajustés certains réglages de base dans Lightroom (en plus de la préaccentuation), voir ci dessous

Les réglages "de base" dans lightroom sur la photo d'ouverture
La pause longue simple
Je ne recommande pas, pourtant j'ai débuté par elle et peut en parler en connaissance de cause
C'est plus simple, on appuie sur le déclencheur et on maintient appuyé un certain temps........ déterminé "pifométriquement". L'inconvénient est qu'on ne maîtrise aucun autre paramètre que la durée d'exposition. pendant le temps d'ouverture, tout ce qui "pête" va se trouver sur le cliché au risque de surcharger, ou sous charger, en éclatements et de sur exposer de façon définitive et irrattrapable fusées et décor.
C'est pourquoi j'ai abandonné cette technique au profit de celle du "carton noir", (sauf ci dessous, exprès pour vous )

9s - f/13 pause "B" normale

REMARQUE
La technique du "carton noir" est aussi particulièrement adaptée à la photographie des éclairs d'orage

Voili, Voilou, en gros c'est assez simple, à vous maintenant
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Un peu de technique
Réalisée avec un APN reflex Sony Alpha A 77
Vitesse: Pause "B": 5 à 22s
Ouverture: f/9.0 à f/13
ISO: 400
Correction exposition: néant
Objectif: Sony 16x50 f/2.8 SSM
Focale: 50mm (eq 24x36: 75mm)
Compléments optique: (carton noir en obturateur externe  manuel)
Mode d'exposition: Manuel
Mode de mesure: "pifométrique" ☺
Mode Autofocus: Manuel
Zone de MaP:: non significatif: focus peaking sur le LCD
Flash: néant
Logiciels: Lightroom 6.1 
Crédit photo: © Pierre CHEMIN

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