dimanche 19 juillet 2015

"Kansas City" .......... la photo de concert: Tuto


1/60s - f/4.5 - ISO 1600 - mesure Spot - AF S - Zone Local
Je profite du concert donné à Saze (Gard) par le groupe "Kansas City" pour rédiger ce petit "tuto" sur la photo de concert. Correspondant local de presse je suis amené à couvrir pour mon journal ces concert locaux, souvent de très haute tenue, ce qui fut le cas ici.
"Kansas City" est un "Band" Vauclusien qui réinterprète brillamment les classiques des maîtres du "R'n'B", Otis Redding, Wilson Pickett, James Brown et autres ainsi que les tubes de Joe Coker.





Régie son et régie lumière
Les concerts locaux permettent de s'entraîner a ce type de photos
Dans la suite: tuto, conseils et données d'expo
 Les problèmes de prise de vue à maîtriser dans les concerts locaux sont de trois ordres:
- Les conditions d'éclairage: (quantité et qualité de lumière) elles ne sont pas toujours favorables et, souvent, les éclairages de scène sont assez rudimentaires et peu puissants. Ce n'était pas le cas ici, le groupe disposant d'une régie lumière professionnelle tenue par un technicien aguerri
- Les mouvement des musiciens. Ici les conditions n'étaient pas "extrêmes" les musiciens ne réalisant ni acrobaties ni contorsions scéniques telle qu'en pratiquent les groupes de Rock. Ici il n'était pas nécessaire de "monter en vitesse", je me suis contenté de 1/60 à 1/80s
- Le positionnement du photographe: contrairement aux "grandes tournées", dans les concerts locaux le public est souvent proche de la scène et, avec ou sans "carte de presse", il est possible de s'approcher suffisamment de l'estrade et de choisir son "angle". Il en est tout autrement lors d'un concert de "Muse" au stade de France ou le photographe non accrédité ne peut quitter sa place dans les gradins.

Tout ceci amène a s'intéresser aux problèmes de "matériel", appareil photo et objectifs.

Pour l'APN, il est recommandé de disposer d'un reflex assez performant au niveau de la maîtrise du bruit numérique ou d'un SLT (Single Lens Translucent) apanage de Sony, plein format de préférence mais le plus souvent APSC. Dans ce dernier cas, qui est le mien, puisque équipé d'un Sony A77, il est impératif de faire attention a la montée du "bruit numérique" lorsqu'on utilise une sensibilité ISO élevée. Sur le A77 version 1, passé ISO6400 le bruit est difficilement maîtrisable au post traitement même avec DxO ou DFine sans "lisser" exagérément le cliché.

En ce qui concerne l'objectif, l'idéal est de disposer d'un zoom téléobjectif performant du type Tamron ou Sigma 70x200 f/2.8 constant pour pouvoir réaliser des gros plans ou des plans d'ensemble sans avoir a trop se rapprocher de la scène.
Ici, je pouvais accéder  à la scène et j'aurais même pu y monter "backstage", j'ai donc pu utiliser le 16x50 f/2.8 constant
L'important étant de disposer d'une grande ouverture constante sur toute la gamme de focale l'éclairage des groupes "amateurs" étant souvent tristounet. Il n'en reste pas moins que j'ai du monter sur certains clichés a ISO6400 pour  conserver une ouverture de f/4.5 me donnant une profondeur de champ de 2.40m (net de 4.0m à 6.40m focale 45mm, MaP à 5m)
Le "super pied" consiste a disposer de deux boitiers: l'un monté d'un 70x200 f/2.8 constant et l'autre monté d'un 16x50 f/2.8 constant.

Un autre point important a prendre en compte est la maîtrise totale de la position des commandes de votre APN en gardant l'œil au viseur et notamment la position des commandes AEL (blocage de l'exposition), correction d'exposition, et bouton "Fn". Vous n'aurez pas le temps de sortir l'œil du viseur (ou de l'écran) pour repérer l'emplacement de ces commandes lorsque vous en aurez besoin.
- Le bouton "Fn", du moins sur les APN Sony, vous permettra, combiné avec le joystick, de changer à la volée, si nécessaire, le mode de mesure (Spot, Pondérée centrale ou Matricielle), la sensibilité ISO et le paramétrage de l'autofocus (Large, Zones, Spot, et Local)
- Le bouton AEL (Automatic Exposure Lock) vous permettra de "figer" les paramètres d'exposition lorsque le rendu de "l'aperçu" dans le viseur ou sur l'écran vous donnera satisfaction, surtout si vous utilisez la mesure "Spot", ce qui est quasi impératif dans ce type de photo.
- La commande de "correction de l'exposition" peut vous être utile, mais, si vous utilisez les réglages indiqués plus loin vous en aurez très rarement besoin.
De toute manière, si de petites erreurs d'exposition existent vous les rattraperez sans problème lors du post traitement a condition d'avoir  shooté AU FORMAT RAW.
Évitez le JPEG direct, déjà compressé par l'appareil de façon destructive, il est plus difficile a corriger et dispose de beaucoup moins de marge.(Un RAW de mon A77 pèse 24Mo, le JPEG de plus haute qualité pèse environ 8Mo, il en manque donc un "gros bout")
Si vous ne disposez pas de Lightroom ou Photoshop ou tout autre logiciel "derawtiseur" du commerce, vous pouvez télécharger "The Gimp" (gratuit)  ou "RawThérapie" (donationware  très performant). Les deux nécessitent un petit apprentissage

L'avantage des SLT Sony est que, utilisant un viseur OLED (viseur électronique prenant ses infos en direct sur le capteur), ils vous font voir le changement de rendu du futur cliché des que vous déplacez votre cadre sur le champ. Cela est particulièrement intéressant lorsque vous utilisez la mesure "Spot" combinée avec l'autofocus paramétré en "local": en effet la mesure d'exposition se fait, dans ce cas, sur la zone couverte par le collimateur de mise au point sélectionné, "collimateur actif", parmi les 19 disponibles.
N'hésitez donc pas a "bouger le cadre" avant de bloquer l'expo avec la touche AEL ensuite vous revenez rapidement a votre cadrage initial, l'expo reste figée. C'est d'autant mieux si vous affichez l'histogramme dans le viseur et/ou sur l'écran LCD.

Après cela il est indispensable de savoir appuyer correctement sur le "titoulet":
- de la bonne manière: prendre une bonne photo en "lumière faible" présente les mêmes contraintes que le tir sportif a longue distance: maîtrise de la stabilité du tireur, maîtrise de la respiration, éviter la fatigue oculaire, éviter le "coup de doigt". Au tir on dit toujours que l'on doit faire un appui progressif sur la queue de détente ET être "surpris par le départ du coup". Toute vibration ou déplacement de l'arme non souhaitée envoie la balle ailleurs que dans le "mille" visé par le tireur.
En photo c'est exactement la même chose sauf que le résultat n'est pas un tir raté, bastos envoyée "dans les choux", mais une photo affectée d'un bon gros flou de mouvement surtout en lumière faible quand la vitesse d'obturation est longue (1/15, 1/30, 1/60s, 1/80s) à main levée. Il est hors de question d'utiliser un trépied pour de la photo de concert (à la rigueur un monopode, m'enfin........)
L'idéal est de:
- trouver un "appui stable" (plancher de scène, structure fixe) sur lequel s'appuyer et/ou bloquer l'appareil le temps de la prise de vue.
- fixer rapidement le cadre et les paramètres d'expo cela évite la fatigue musculaire et les tremblements incontrôlables dus a une position quelque fois inconfortable maintenue trop longtemps
-  respirer calmement et avec une grande amplitude puis bloquer la respiration lors d'une expiration juste  le temps de déclencher.
- appuyer a demi sur le déclencheur pour figer la MaP et .........
- continuer a appuyer progressivement et doucement sur le "titoulet" jusqu’à être "surpris" par le "clac" du rideau d'obturateur.
C'est long a décrire mais cela se réalise en une seconde avec un peu d'habitude.

Une dernière question a se poser est de savoir quelle est la destination du cliché:  Web uniquement, impression petit format, impression presse (revue en quadrichromie, presse quotidienne) ou impression grand format (posters, exposition, etc). Cette dernière nécessite une qualité optimale en terme de piqué, mise au point et bruit.

Pour une utilisation exclusive sur le Web on peut se contenter d'un APN et d'un objectif moyennement performants. La compression "gommant" un peu le bruit au détriment du piqué
Pour une impression personnelle jusqu'a 21x29,7 cm on reste également dans le même cas
Par contre pour un tirage exposition grand format on risque la déception a la réception du tirage, il vaut mieux posséder un très bon (mais onéreux) APN style Sony A99, Nikon D4S, Canon 1DX équipé d'un objectif haut de gamme (aussi très onéreux)

Ici, les clichés étaient destinés a une impression sur un "quotidien régional" en pages locales. Donc petit format et nombreuses "tortures" au journal en vue de l'impression tramée. Ce qui ne veut pas dire que le cliché peut être une "bouse" floue et bruitée.
Plus la qualité initiale du cliché est bonne, meilleure sera sa reproduction dans le journal après les différents traitements qu'il va subir, dont la conversion RAW > JPEG initiale maison avant transmission au journal.
Voir, pour les"tortures" en vue d'une parution PQR le précédent sujet, "Egyptéus" ICI

Mes réglages ici:
- Balance des blancs: Auto. les éclairages étant "multicolores" et le concert se déroulant en nocturne, on laisse l'APN se débrouiller avec ce paramètre, ici il n'a pas été utile d'affiner dans Lightroom, la régie lumière étant tenue par un "pro"
- Priorité ouverture "A": je tiens a maîtriser la profondeur de champ. Les musiciens ne s'agitant pas comme des diables dans ce type de musique. Pour un concert "Heavy Metal" j'aurais sûrement réglé en priorité vitesse "S" aux alentours de 1/250s au risque de tout shooter a ISO 6400 et de jouer du curseur dans Lightroom en priant le bon Dieu de ne pas faire trop sortir le bruit dans les ombres
- ISO Auto: Je laisse l'appareil choisir la sensibilité en fonction du diaphragme que j'impose. Tout en ayant bloqué l'amplitude de variation possible a ISO 6400 maxi (le A77 V1 peut monter a ISO 16000 mais c'est la "bouillie de pixels" assurée dans ces conditions d'éclairage)
- Mode de mesure: "Spot" combiné a .......
- Zone AF "Local", donc choix du collimateur actif avec le joystick, et........
- Mode AF: Single shot" "S" les musiciens étant assez statiques (sur du "Heavy Métal" il est probable que je serais passé en mode AF Continu "C")
- Stabilisateur "steady shot" activé il permet de gagner jusqu’à 4 vitesses donc de shooter a 1/60s au lieu de 1/500s ce qui est très avantageux pour limiter la montée en ISO (la photo d'ouverture shootée a ISO1250 1/60s aurait du être shootée à ISO 10000 sans stabilisateur pour obtenir la même absence de flou de mouvement du au photographe)

Un point essentiel pour ce type de photo: quelque soit votre APN N'UTILISEZ JAMAIS DE FLASH COBRA ET FORCEZ LE FLASH INTÉGRÉ SUR ARRÊT; Vous tueriez l'ambiance en appliquant une composante "lumière du jour" qui aplatirait le premier plan et détruirait les effets d'éclairage du groupe sur votre cliché;

les reglages Lightroom - cliquez sur la photo pour agrandir
Au  niveau du post traitement, si les paramètres d'expo sont bien choisis c'est assez simple
- Affinage de l'expo dans le panneau "réglages de base" dans Lightroom (pour cette parution presse augmentation systématique du contraste (+17) et de la "clarté (+30), un petit coup de pouce au curseur "vibrance" (+30) ne fait pas de mal non plus).
- Recadrage éventuel
- Réduction du bruit (avec mesure pour ne pas trop "lisser" les détails)
- Accentuation avec masquage important (le bruit résiduel s'accentue aussi dans les ombres et les noirs )

Voili, Voilou, en gros c'est assez simple, à vous maintenant
___________________________________________________________________________
Un peu de technique
Réalisée avec un APN reflex Sony Alpha A 77
Vitesse: 1/60s a 1/80s
Ouverture: f/4.5 partout
ISO: Auto: 640 à 6400
Correction exposition: néant
Objectif: Sony 16x50 f/2.8 SSM
Focale: 18mm à 50mm (24mm à 75mm eq 24x36)
Compléments optique: néant
Mode d'exposition: Priorité ouverture "A"
Mode de mesure: Spot
Mode Autofocus: AF "S"
Zone de MaP:: "local"
Flash: néant
Logiciels: Lightroom 6.1 
Crédit photo: © Pierre CHEMIN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire